Pourquoi décider de ce sujet
J’ai choisi ce thème pour plusieurs raisons. Tout d’abord car il est d’actualité avec la difficulté à décider dans la complexité et l’incertitude. Ensuite, car c’est souvent l’arlésienne dans les organisations, que j’illustre d’un verbatim entendu : « encore une réunion interminable avec aucune décision de prise ». Enfin parce la décision parle du rôle et de la posture du leader et de dynamique collective.
Décider vient du latin « decidere » qui signifie diminuer, retrancher, réduire, régler, arranger ! Sa racine vient de caedere, ce qui veut dire « abattre ». Ce passif étymologique montre déjà la difficulté de ce sujet et les enjeux liés.
Je vais m’essayer à une définition à partir des synonymes de décider. Elle permet de mieux comprendre ce qu’est la décision et ses finalités, et donc aussi d’en expliquer l’importance. Décider c’est :
- agir
- en choisissant
- pour arbitrer
- et ainsi commander
- afin de conclure
- et arrêter
- en espérant conjurer
- et surtout convaincre.
Quand on pense à décision, on pense à chef ! Le chef c’est bien sur celui qui va décider. Et très souvent, cela arrange bien tout le monde …. Et c’est là que les questions se posent en fait : qui, comment, avec quoi et pourquoi ?
Comment décider : ça veut dire quoi
Comment décider peut s’entendre de différentes façons. Je vais traiter ici de quels processus mettre en œuvre. Je pourrais aussi élargir la réflexion à l’examen des conditions propices à la prise décision, sur la « bonne » décision, etc. Il y aurait beaucoup à dire.
Je vous propose donc d’examiner les différents modes de décision. Ils sont multiples et je m’essaie à une liste qui reste non exhaustive. Décider c’est :
- ne pas décider, intéressant si c’est proposé pour laisser réfléchir, attendre le bon moment, etc. Bref, il faut le faire en conscience !
- décider seul, décider après une éventuelle concertation, en s’appuyant ou pas sur des avis : efficace, rapide, plus ou moins participatif
- laisser les autres décider : laisser la main, s’effacer, faire confiance lorsque les conditions s’y prêtent
- voter : majorité absolue, relative, etc. Efficace, pas de débat, mais ça peu laisser des traces …
- tirer au sort : original, peut être utiliser pour s’en sortir, être créatif
- fixer des critères : analytique, dynamique, peut permettre d’adhérer
- chercher un consensus : tout le monde dit oui, une bonne intention mais un risque de s’aligner sur du perdant/perdant
- travailler à un consentement : personne ne dit non, à utiliser dans certaines conditions, très coopératif et puissant, nécessite du temps
Finalement, une nouvelle difficulté voit le jour et c’est finalement la question centrale : comment décider de comment décider ? Les quelques appréciations sur les possibilités ci dessus donnent déjà des pistes.
Alors, comment faire pour décider
Le choix d’un processus de décision c’est effectivement déjà décider ! La connaissance de différents processus et la maitrise des contenus du sujet portant à décision ne suffisent pas. Le manque de temps, la volonté d’aller vite où la volonté d’en finir sont des pièges à éviter quand il faut décider de comment décider.
Pour cela, une seule solution ! Il faut remonter au sens c’est à dire aux finalités poursuivies (le pourquoi et le pour quoi), afin de choisir un processus de décision adapté. Le sens est le bien le plus précieux pour décider le plus facilement et le plus efficacement.
Pour illustrer mon propos, visualisons le commandant de pompiers, dans l’exercice de la décision. J’imagine comment ça se passe, les pompiers réagiront :
- face au feu, le commandant ne va pas mettre en place un vote à main levée ou chercher un consensus ! Il doit prendre vite et avec le plus de certitudes possibles de nombreuses décisions. Il s’appuie aussi sur des informations qu’on lui remonte, surement dans le cadre d’un processus (encore un …) bien rodé !
- le lendemain, dans une réunion d’équipe sur la réorganisation du service, il pourra choisir un mode de décision plus participatif pour s’ouvrir à un maximum de possibilités et entrainer son groupe.
- enfin, pour décider d’une ambition à trois ans, pourquoi ne pas s’engager dans un processus de consentement afin de prendre le temps d’avoir toute son équipe derrière lui suite à la décision prise.
Quelques décisions simple à prendre
La décision est un des éléments de la dimension cognitive de l’Intelligence collective. On aurait tord de penser que la recherche d’une coopération passe uniquement par des réflexions, des échanges, de la créativité. Il ne faut pas oublier de décider. La décision fait partie de l’action, donc ne l’oubliez pas et prévoyez de traiter ce point, avec ou sans votre groupe !
Enfin, expérimentez différents processus, faites des petits pas et demandez des feed backs à votre équipe. Partagez aussi vos expériences entre pairs, proposer ce sujet dans un processus de co développement, etc. Bref, ne restez pas seul !
Et si ça ne suffit pas, appelez moi ! Voilà une décision efficace et qui a du sens !!!